Les 3B : bikini, burkini, burka

Marina Smir est composée de deux bassins, l’un très grand mais pratiquement vide, l’autre très grand et plein comme un œuf.

Le premier est réservé aux bateaux à moteur et aux voiliers, le second aux scooters des mers. Depuis que le roi s’est fait photographier sur un jet ski il y a vingt ans, ce sport est devenu le sport national, un symbole de réussite sociale.

Chaque matin, dans un bourdonnement incessant, des centaines de scooters des mer quittent le port comme autant d’abeilles quittent leur ruche pour aller butiner. Leur lieu de rendez-vous est l’immense plage sur laquelle viennent se briser de gros rouleaux propices à ces montures survitaminées.
Le jeu consiste à quitter la plage à « fond les manettes » pour bondir le plus haut possible sur les vagues et revenir en surf comme un boulet de canon jusqu’à toucher les orteils des baigneurs.
En principe les conducteurs sont censés emprunter les couloirs délimités par des bouées jaunes qui mènent à la plage. En principe les policiers sont censés les verbaliser s’ils n‘ empruntent pas ces couloirs et en principe les baigneurs sont censés gueuler lorsqu’ils voient ces monstres des mers foncer sur eux ou leurs enfants.

Mais car il y a toujours un mais ici tout le monde s’en fout comme si ce sport royal bénéficiait d’une sorte de passe-droit suprême. Le jet skieur au Maroc n’a pas plus d’égards pour le baigneur que l’automobiliste parisien pour le piéton. La grande différence est qu’il y a beaucoup plus de piétons à Paris que de baigneurs à marina Smir car si la plage est noire de monde, rares sont ceux qui s’aventurent dans l’eau. Les hommes considèrent la mer comme un pediluve géant où il fait bon discuter entre potes, les pieds dans l’eau. Certains jouent au foot ou au volet et profitent d’un saut raté pour se rafraîchir.
Pendant ce temps les femmes jouent avec les enfants ou préparent le coucscous. La majorité est voilée et habillée comme en ville, quelques-unes portent la burka avec des vêtement entièrement noires où pas un centimètre de peau ne dépasse, d’autres sont en burkini.

Ah le burkini !
C’est drôle comme certaines choses comme le burkini prennent un sens totalement différent selon le contexte dans lequel elles se trouvent.
Considéré comme élément d’asservissement de la femme en France, il est ici la tenue « fashion » pour aller à la plage. Le burkini, censé couvrir la femme de la tête aux pieds est en fait réalisé dans un tissu synthétique très fin et moulant qui une fois mouillé laisse apparaître les formes féminines sans aucune équivoque. Il se remarque d’autant plus que ses couleurs fluo attirent immédiatement le regard. Les quelques rares femmes en bikini semblent presque pudiques à côté de celles qui portent ces burkinis chamarrés…
La bonne surprise est que tout le monde se côtoie et se mélange sans à priori avec ou sans burkini. Mais l’image qui m’a le plus surpris est celle d’une jeune femme en burkini rose fluo enfourchant un 500cm3 Yamaha et s’élançant dans un spectaculaire vrombissement vers la première vague, tout voile dehors !
A la poursuite de 007, elle aurait fait une magnifique traîtresse !

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