Le groupe froid est enfin réparé !

La veille de notre départ pour El Jheba je décide de faire une dernière tentative pour réparer le groupe froid tombé en panne trois jours après notre départ de Morgat.
Sur les recommandations de la capitainerie, je m’achemine vers le chantier naval où un certain Mohamed est censé régler mon problème.
Une demi heure de marche plus tard et me voilà arrivé au chantier, un gigantesque bazar à bateaux écrasé par le soleil.
Une baraque Algeco fait office de bureau et à l’intérieur un homme d’une cinquantaine d’années, avachi sur un vieux fauteuil, dort profondément, un stylo à la main.
C’est toujours délicat de réveiller quelqu’un que l’on ne connaît pas en essayant de ne pas lui faire remarquer qu’il dormait.
Je commence donc par le discret raclement de gorge « hum hum » mais le gars continue à dormir. Je poursuis en montant d’un ton mais rien n’y fait. J’ai d’autant plus de scrupules à le réveiller que le gars a vraiment l’air exténué.
Repensant à toutes les bières fraîches que j’aurais pu boire et surtout à ce salopard de Januz qui m’a extorqué quarante euros en dix minutes pour une réparation de fortune (c’est le cas de dire) et totalement ratée, je décide de l’appeler sans ménagement : « Mohamed ! ». Le pauvre gars sursaute comme s’il avait reçu un coup de massue sur la tête et ouvre des yeux hagards.
Je lui laisse reprendre ses esprits et lui explique mon problème.

« Mon groupe froid est en panne, je crois que c’est un problème de fuite de gaz. »
« Je t’envoie Mokhtar, il va passer te voir. »
« Oui mais à quelle heure? Je pars demain matin très tôt et il est déjà 17 heures. »
« Il va passer te voir. »

Je repars en me disant que je vais continuer à boire des bières chaudes et qu’il n’y a pas plus de Mokhtar que de roi du Maroc qui passera réparer ce foutu groupe froid.
Mais car il y a toujours un mais, quelques heures plus tard, alors que nous ne l’attendions plus, arrive un jeune gars tout sourire avec une grosse bouteille de gaz à la main.
« Bonjour, moi c’est Mokhtar, c’est toi le problème de gaz ? »
« C’est moi »
« Tu vas voir, avec moi c’est fini le problème de gaz ! »

Et ni une ni deux Mokhtar plonge dans le carré, ausculte le groupe froid sous toutes les coutures, remet du gaz, attend qu’il fasse du froid et me dit : 
« Ca c’est du bon gaz, c’est pas comme celui de Januz, maintenant c’est fini le problème de gaz. »
« Et c’était quoi le problème ? »
« C’est le problème du gaz, maintenant c’est fini. »

Je décide de ne pas insister…

Depuis nous ne buvons toujours pas de bières fraîches car l’alcool est interdit au Maroc mais notre groupe froid ronronne à nouveau comme un gros chat.

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