Après notre halte à El Jebha, nous décidons de nous rendre à Cala Iris, une escale qui d’après les photos glanées sur internet semble enchanteresse. Comme d’habitude nous arrivons trois heures après Charisma et Deofamilh que nous retrouvons amarrés dans une magnifique anse à côté du petit port de Cala Iris. René qui guettait notre arrivée nous propose « de mettre en laisse le poussin jaune au cul de sa maman » ce que nous faisons sans broncher, trop contents de ne pas avoir à jeter l’ancre et surtout de ne pas avoir à la remonter car sur Omer, en l’absence de guindeau, tout se fait à la force des bras.
A peine amarrés, un petit bateau fonce droit sur nous avec deux gars de la marine nationale à bord. Après avoir vérifié nos papiers, ils nous informent très cordialement que nous avons le droit de mouiller jusqu’à la tombée de la nuit mais qu’ensuite il nous faudra repartir car le port de Cala Iris est interdit aux touristes. Nous leur répondons que la prochaine destination est trop éloignée pour notre petit bateau et que même en repartant tout de suite nous n’y serons jamais avant la tombée de la nuit. Finalement ils nous proposent d’en reparler plus tard.
Vers 19 heures, René propose de « faire le forcing » et de rentrer dans Cala Iris sans tambour ni trompette… Personnellement je ne donnais pas chère de cette tentative quelque peu osée mais contre toute attente les Autorités font signe aux bateaux de pêche de nous faire une place pour que nous puissions nous amarrer au quai. Nous nous félicitons de notre coup de force mais car il y a toujours un mais, au moment de mettre pied à terre, les Autorités nous font savoir que nous sommes consignés à bord jusqu’au lendemain matin et que nous devrons reprendre la route le plus tôt possible, « Pour votre sécurité ! »
Être consignés à bord, surtout à bord de Charisma où nous passons la soirée est une délicieuse torture. Les petits fours ont remplacé les crocs de boucher et les petits verres les tisons ardents. Et comme disait Antoine Blondin « au quarantième whisky, il fait beau partout ! »
Tout en sirotant nos verres, nous voyons défiler la population locale intriguée par notre présence. Des femmes viennent nous vendre quelques fruits et un jeune garçon dégourdi qui ne baragouine que quelques mots de français arrive à nous convaincre de lui acheter des gâteaux « faits maison » qui sont tout simplement délicieux.
Plus tard dans la soirée les équipages des bateaux de pêche arrivent et préparent le départ. Les filets sont chargés à bord et les vieux et puissants moteurs vrombissent dans des volutes de fumées noires. Un à un, les lourds bateaux chargés d’hommes accroupis au bastingage quittent le port, escortés par une ribambelle de barques équipées de grosse lampes pour la pêche au lamparo.
Il est un dicton qui dit qu’une manœuvre de port réussi est une succession de catastrophes évitées. Si ce dicton semble avoir été inventé pour Omer… il n’a aucun sens pour les pêcheurs de Cala Iris qui manœuvrent leur bateau avec une maestria ancestrale.


