Marina Marchicamed est une marina située dans une sorte de mer intérieure. Pour y rentrer il faut longer la côte et guetter un passage si étroit qu’il est à peine visible sur les cartes marines.
Il est 19H30 le jour est presque tombé, Omer comme à son habitude est loin derrière Charisma et Deofamilh.
Laurence et moi sommes un peu tendus à l’idée d’arriver de nuit dans un endroit que nous ne connaissons pas. Soudain nous distinguons le passage tant espéré et nous nous y engageons prudemment c’est à dire en serrant les fesses à s’en donner des crampes…
A intervalles réguliers, nous sommes éblouis par de puissants projecteurs qui semblent nous prendre dans leur lumière comme des lapins dans les phares d’une voiture. C’est assez désagréable et même un peu inquiétant. Sans oser le dire à haute voix nous nous demandons qui sont ces silhouettes qui nous observent : des policiers, des douaniers, des pêcheurs, des bandits ? Et que nous veulent-ils : voir nos papiers, nous avertir d’un danger, nous détrousser ?
La nuit l’imagination est sans limite…
Heureusement pour nous, le passage ne fait que quelques dizaines de mètres et nous nous retrouvons vite dans la fameuse mer intérieure. A notre grande surprise, nous découvrons des centaines de points lumineux qui encerclent la baie et créent une certaine confusion dans nos esprits. Au milieu de toutes ces lumières où est passée marina Marchicamed ?
Contre l’avis de Laurence qui a scrupuleusement étudié les lignes de fond sur Navionics, je décide de donner un coup de barre à droite où il me semble voir les lumières rouges et vertes signalant le chenal d’accès à la marina. Mais car il y a toujours un mais, à peine ai-je mis le cap sur ces lumières que nous talonnons dans la vase, Omer est stoppé net.
Laurence est hors d’elle :
« J’te l’avais bien dit qu’il n’y a pas de fond à cet endroit, tu ne veux jamais me croire, tu n’en fais qu’à ta tête, avec tes c….on va passer la nuit ici…». Au même instant instant « ding » l’écran de mon portable s’allume : « alors les amis où êtes-vous, on vous attend depuis une heure, bon on commence l’apéro sans vous. »
Il y a des moments dans la vie où l’on a vraiment envie de faire le bigorneau : rentrer dans sa coquille, ne plus en sortir et que « oncque ne m’emmerde ! »
En attendant il faut sortir de là, le bigorneau ce sera pour plus tard. Un coup de marche arrière, un coup de marche avant, et que j’ te fais gîter le bateau à droite et que j’te le fais gîter à gauche, et que j’te mets les gaz à fond et que ça se met à fumer et à puer le chaud de tous les côtés, bref le cauchemar. Malgré nos efforts, Omer reste aussi immobile qu’un militaire de la Garde Royale de Buckingham Palace à qui l’on foutrait un grand coup de pied au cul !
A la énième tentative il finit par reculer mètre par mètre et à reprendre de la vitesse.
Nous apprendrons le lendemain matin que certaines ampoules des balises rouges et vertes ayant été récemment volées, le chenal est impossible à repérer.
Ouf ! Le bigorneau peut à nouveau sortir de sa coquille…

