Notre dernière escale marocaine est Saidia à la frontière algérienne.
Nous avons prévu d’y passer quelques jours avant de rejoindre les côtes andalouses où Mahé doit nous retrouver.
Malgré le taux, le ventilateur et la chaussette que nous avons installée sur le hublot avant, nous sommes écrasés par la chaleur. Dans cette marina moderne, à ciel ouvert, les arbres sont encore trop petits pour apporter de l’ombre et seul le jet d’eau du ponton nous apporte un peu de fraîcheur.
Saidia est une ville balnéaire récente, bordée d’immenses plages où beaucoup de marocains installés en Europe viennent passer leurs vacances.
Dans quelques jours c’est Lahid, la fête nationale la plus importante de l’année.
Dans le bus qui nous emmène au centre ville, nous voyons défiler sous nos yeux des centaines d’images avec un dénominateur commun : le mouton. Ici un mouton sur une mobylette coincé entre un homme en sarwel et une femme voilée, là un mouton qui se cabre et se fait botter le cul par un enfant, plus loin un marché aux moutons dans une ruelle, un autre sur une place, un troisième dans un terrain vague; des moutons embarqués sur le siège passager d’une voiture, à l’arrière, dans le coffre, dans une vieille charrette, une brouette, en carriole, en tracteur, en mini bus, à bicyclette, sur les épaules, sur le dos, à dos d’âne, de mulet…
Les situations sont si cocasses qu’elles semblent tout droit sorties de l’imagination débordante d’un dessinateur de bandes dessinées. Chacun y va de son mouton, le jauge, le tâte, le soupèse, l’achète, le tire, le pousse, le transporte et bientôt le mangera !
Lahid est comme nous l’explique le coiffeur chez qui Jean-Claude, René et moi nous faisons couper les cheveux, La grande fête nationale. Pendant une semaine les familles venues des quatre coins du pays se retrouvent et toutes activités cessent.
Comme nous avons l’intention d’aller visiter Fez, nous calculons que nous avons tout juste le temps d’y aller avant la pause nationale. Quatre jours voyage compris.
Le temps de faire son sac, de prendre un bus brinquebalant, un taxi hors d’âge et un car climatisé et hop nous voilà dans cette magnifique ville fortifiée.
L’hôtel où nous logeons est un palais des mille et une nuits au charme désuet. Les murs sont tapissés de céramiques multicolores, l’eau de la fontaine au centre du patio couverte de pétales de rose et les vieux canapés en velours où nous buvons le thé à la menthe si profonds et confortables qu’il faut faire un effort surhumain pour s’en extirper.
Nous passons ces deux jours à sillonner la médina, à nous perdre avec délice dans les innombrables ruelles, à avoir envie de tout acheter pour finalement ne rien acheter, à goûter des tajines aux multiples épices, acheter des herbes médicinales, manger des pâtisseries orientales, enregistrer le muezzine sur nos téléphones et surtout savourer la chance que nous avons d’être ensemble, libres comme une bande d’ados en goguette.
Quatre jours jours plus tard nous retrouvons Omer, notre petit palais flottant.
Jean-Claude et Brigitte qui avaient envisagé de laisser leur bateau à Saidia décident de remettre Deofamilh entre les mains du capitaine du port, un homme fort affable et de rentrer en France sur Charisma avec René et Sylvia.
Après une dernière soirée bien arrosée, nous nous quittons avec émotion, Charisma vers les Baléares et nous vers Almerimar, une marina proche d’Almeria.
Mais car il y a toujours un mais, la météo nous réserve une mauvaise surprise.




