Demain Mahé et Laura nous rejoignent à Alicante pour passer quelques jours à bord d’Omer.
Pour leur arrivée Laurence et moi nous lançons dans un grand nettoyage de Printemps.
Cela fait plusieurs jours que je réfléchis à l’idée de passer le produit lustrant que j’utilise pour la coque sur les parties en plastique marron du carré, histoire de leur redonner une petite jeunesse.
Je sors donc le produit en question, un chiffon pour l’appliquer et mon gant spécial peau d’ours pour le lustrage.
Omer étant petit, c’est l’avantage, l’opération ne prend pas plus de dix minutes. Mais car il y a toujours un mais, c’est aussi en dix minutes qu’Omer se transforme en patinoire internationale car le produit en question marche si bien que toutes les parties traitées feraient le bonheur de Candeloro ! Sauf que en bateau, le but n’est pas de glisser à l’intérieur et de faire des triples saltos mais plutôt de glisser sur la mer, cherchez l’erreur !
Voilà donc Omer propre comme un sou neuf prêt à accueillir ses moussaillonnes préférées.
Avec Laurence nous avons prévu d’emmener Laura qui doit arriver la première au marché central pour faire quelques courses.
Le marché central est un vaste bâtiment qui compte des dizaines de stands de poissons, de charcuterie et de fruits et légumes plus appétissants les uns que les autres. A peine empruntons-nous l’allée des saucissons et jambons ibériques que nous sommes hellés en français par un jeune vendeur.
Le gars est un solide et sympathique garçon qui commence par nous faire goûter tous ses fromages.
« Vous les français, vous ne connaissez que le Manchego, le Manchego c’est vrai c’est très bon mais il y a beaucoup d’autres bons fromages en Espagne. Par exemple ce fromage est un savant mélange de trois fromages, il est doux, il est rond et vous allez voir il a une profondeur en bouche inégalée, chez nous on le mange à chaque fête familiale.. »
Avec un gars comme ça en face de vous qui vous parle fromage et jambon comme un sommelier de chez Trois Gros et vous fait découvrir les saveurs de son pays avec autant de verve, vous savez dès la première minute que vous êtes pris dans une nasse culinaire infernale et que votre carte bleue va prendre un sacré coup de soleil. Oui mais quel plaisir de passer un moment avec un gars aussi passionné qui vous apprend que le poulpe se fait réchauffer avec de l’eau chaude et non de l’eau brûlante, qu’il faut le servir sur un lit de pommes de terre écrasées avec un peu d’ail et d’huile d’olive, que la ville d’Alicante fut un des derniers bastions de résistance contre Franco, qu’elle fut bombardée pendant la seconde guerre mondiale par les Italiens, que le bleu qu’il est entrain de vous faire goûter est moins amer que le bleu d’Auvergne et se rapprocherait plutôt d’une fourme d’Ambert, que son huile d’olive est pressée uniquement les nuits de pleine lune et surtout qu’il ya un quartier populaire construit à flanc de colline sous la forteresse qui est l’âme de la ville et qu’il ne faut rater pour rien au monde. Ce gars est un spectacle à lui tout seul, à la fois drôle, touchant, cultivé mais son meilleur public est sans nul doute son père qui ne le quitte pas des yeux et boit du petit lait à chacune de ses paroles. Lorsque nous lui faisons remarquer que son fils parle très bien le français, il ne nous cache pas qu’il est heureux de voir que les nombreux séjours linguistiques qu’il a payés à son diable de fils et qui manifestement lui ont couté la peau du … ont porté leurs fruits.
Finalement nous quittons Antonio Père et Fils, chargés comme des baudets et fins prêts à accueillir Mahé qui nous a déjà envoyé trois textos pour savoir s’il y aurait du saucisson ibérique pour l’apéro ! Elle ne va pas être déçue !



