Le lendemain de l’arrivée de Mahé et Laura nous allons visiter le fameux quartier populaire recommandé par Antonio Père et Fils.
C’est en effet un quartier attachant avec ses petites maisons blanches et ses ruelles escarpées qui grimpent le long de la colline, ses petites dames aux visages burinés qui vaquent à leurs occupations, secouant un paillasson ou étendant du linge, ses petits vieux qui fument une cigarette sur le pas de leur porte et ses ados assis en grappes sur les marches de l’église qui font comme les vieux mais avec des produits non autorisés…
Nous croisons aussi un mariage avec moulte jolies dames d’honneur en jaune…faisons les boutiques de chaussures, de maillots de bain, encore les boutiques de chaussures, encore les boutiques de maillot de bain, puis à nouveau les boutiques de chaussures et à nouveau les boutiques de maquillages de bain; c’est fou ce que cette ville peut compter comme boutiques de chaussures et de maillots de bain, à croire qu’elles ont été spécialement créées pour la venue des filles….
Pour finir nous mangeons une glace chez Amorino, allons boire des Spritz dans des grands verres orangés bien remplis, mangeons de délicieux tapas dans un restaurant sur le port et comme quatre Jonaz fourbus, rentrons dormir dans le ventre bien rond d’Omer.
Le lendemain nous faisons cap sur l’île de Tabarca qui se trouve à dix mille au nord d’Alicante.
Après avoir passé deux jours en ville, nous pensions qu’un petit mouillage d’une nuit sur cette jolie île que nous avions déjà repérée et où les eaux sont bleu turquoise, offrirait aux filles l’occasion d’essayer leur nouveaux maillots de bain si elles en avaient trouvé un à Alicante…Mais car il y a toujours un mais la météo ne fut pas aussi enchanteresse que lors de notre premier séjour sur l’île.
Par chance l’après-midi de notre arrivé fut épargnée, nous pûmes emmener les filles dans le petit restaurant sympa où la paella est délicieuse, nous baigner dans une eau transparente, leur acheter à chacune une jolie robe d’été mais la nuit fut…blanche.
Au début de la soirée tout commence bien. Nous mouillons au nord de l’île car les prévisions météo donnent un vent faible de sud et à la demande de Laura nous entamons une partie de Coinche (genre de belote) endiablée.
Quelques parties plus tard, nous décidons d’aller nous coucher. La mer est calme, le vent faible comme prévu. Tout va bien.
Mais quel est ce « chclong » qui me fracasse soudain le tympan droit et pourquoi Laurence se met-elle à rouler sur moi au rythme de deux roulements toutes les quinze secondes ? Et pourquoi mes pieds rejoignent-ils mon nez avec la même fréquence ? Un petit tour dehors et surprise, le vent faible de sud est devenu un vent fort de nord, la mer calme est devenue une mer agitée et Omer se croit au grand prix de sauts d’obstacles de Longchamp ! De surcroît, en se levant, le vent et les vagues ont rapproché dangereusement Omer de la côte, et là où il y avait deux mètres d’eau sous la quille il n’y en a plus qu’un !
Évidemment le vent et la mer forcissent encore avec des pointes à vingt cinq noeuds et comme cela n’aurait pas du arriver, Laurence passe sa nuit sur son écran d’iPhone pour voir si notre point d’ancrage ne varie pas, Mahé qui sent bien que les choses ne sont pas normales me demande régulièrement si tout va bien, je passe la nuit dans le cockpit à observer les lumières de deux pauvres réverbères sur la jetée pour être sûr que notre ancre ne dérape pas tandis que Laura elle, dort tranquillement !






