El Muerto !

Notre premier départ est prévu demain à 7 heures car les conditions météo sont bonnes jusqu’à 13h mais fraîchissent par la suite et comme nous n’avons guère envie d’affronter les 40 ème rugissants dès notre première navigation, nous nous couchons avec le jour.

La nuit eut été parfaite si la drisse de notre voisin n’avait eu la bonne idée de battre la mesure contre le mât avec une régularité obsédante dès une heure du matin !
Ah ces bonne nuits à bord, comme elles nous avaient manqué !

Enfin le réveil sonne. Après dix mois passés à rêver de ce départ nous allons enfin larguer les amarres, hisser la grand voile, dérouler le génois, couper le moteur, glisser vers la liberté et nous laisser happer par le grand bleu. Enfin !
Mais car il y a toujours un mais c’était sans compter avec le personnage principal de ce scénario idyllique : El Muerto !
El Muerto c’est ce personnage de serpent endormi, tapi au fond des eaux, invisible, calculateur et retors qui attend toujours la dernière minute pour surgir et vous faire péter l’EMMERDOMETRE !
Ce personnage, c’est cette foutue pendille, ce bout (cordage) de malheur qui sert d’amarre, ce cauchemar couvert de moules cassées et tranchantes qui vous coupent les doigts, ce boyau visqueux et dégueulasse qui vous glisse entres les mains et transforme en un clin d’œil le pont de votre bateau en chiottes d’autoroute un jour de grand départ, ce vers solitaire si boursoufflé qu’il est impossible de le tourner correctement autour des taquets d’amarrage si fins et élégants d’Omer…

C’est ce gros colon, celui qu’on appelle ici El Muerto qui à peine la marche arrière enclenchée est venu s’entortiller autour de l’arbre d’hélice bloquant tout mouvement du bateau et reportant à plus tard ce départ tant espéré.

Et que peut-on faire contre El Muerto ?

A la capitainerie on nous répond :
“No problemo, tenemos un amigo, el MacGyver del Muerto !”

Une heure plus tard au lieu de voir arriver sur une grosse moto un blond californien aux yeux bleus et aux cheveux longs, le MacGyver en question, nous voyons apparaître son exacte contraire. Un chauve d’une quarantaine d’années à la barbe noire bien fournie, vêtu d’une combinaison de plongée et chevauchant un scooter électrique. C’est le sosie de Hernan Cortès version 2.0.
Un conquistador venu à notre rescousse !

Cette fois nous voyons enfin le départ se rapprocher car si Hernan Cortès, mu par son obsession de trouver de l’or, a réussi à coloniser le Mexique après avoir vaincu le grand empereur Moctezuma en zigouillant quelques centaines de milliers d ‘indiens, notre Cortès 2.0 est bien capable de terrasser un seul El Muerto !

Plouf le voilà qui plonge, paf le voilà qui saisit El Muerto, couic il le coupe en deux et bling bling 100 euros la manipe !

Morale de l’histoire : tous les mêmes ces Cortès, y’a que le fric qui les intéresse !

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