S’il y’a bien un endroit que nous souhaitions ne pas rater en Espagne, c’est Cadaqués.
Durant plusieurs étés, dans les années quatre vingt dix, nous nous sommes tous retrouvés, grands-parents, parents, enfants, sœurs, frères, belles-sœurs, beaux-frères, cousins, cousines pour une quinzaine de jours dans une grande maison de location.
Au programme ski nautique, baignade, “café crémât” sur le port, “Old Fashion” le soir et pour les plus jeunes, premières sorties, premiers baisers et sans doute premiers chichons…
Depuis, Cadaqués est une graine plantée dans notre souvenir familial et notre navigation en Méditerranée, l‘occasion de voir cette graine fleurir à nouveau.
Maintes fois nous avons imaginé notre arrivée sous voile dans la grande anse de Cadaqués laissant sur notre gauche le petit phare au-dessous duquel nous nous sommes si souvent baignés; sur notre droite, le Curucu, ce gros rocher d’où les enfants sautaient en nous faisant de sacrées frayeurs puis enfin, mouillant face à la petite église blanche caressée par les derniers rayons du soleil.
En arrivant à l’Estarit, dernière étape avant Cadaqués, nous sommes à deux doigts de réaliser notre rêve mais la météo n’est pas favorable et nous oblige à rester plusieurs jours dans ce petit port, charmant au demeurant.
Nous profitons de cet intermède pour visiter Gérone, une jolie ville médiévale qui, avec tous ces symboles jaunes accrochés aux façades, ne cache pas son désir d’indépendance. De retour au port nous nous renseignons sur les conditions de mouillage à Cadaqués. Notre intention est d’y rester plusieurs jours mais car il y a toujours un mais, le mouillage coûte cinquante euros pour une nuit plus vingt euros par demie journée supplémentaire. Cinquante euros pour un simple mouillage, hors saison, pour un bateau de neuf mètres, voilà de quoi vous dissuader de passer plusieurs nuits dans la célèbre patrie de Dali !
Que faire ? Passer une nuit sans même le temps de déjeuner, renoncer à Cadaqués et aller directement à l’étape suivante ?
Finalement c’est une fois de plus la météo qui va trancher pour nous. Les prévisions sont bonnes pour le lendemain mais se gâtent par la suite. Aussi décidons-nous d’y passer une nuit et de repartir dès le lendemain après-midi.
Ce qui s’est passé par la suite mérite d’être raconté car pour une fois tout s’est déroulé comme nous l’avions imaginé.
Nous sommes arrivés sous voile dans la belle anse de Cadaqués, le vent nous poussant tranquillement vers le fond de la baie. Nous avons laissé sur notre gauche le petit phare puis sur notre droite, le Curucu, et nous avons mouillé juste en face de la petite église blanche baignée dans la lumière chaude du soir.
Le lendemain un marinero est venu nous chercher en zodiac, nous avons fait une grande ballade peuplée de souvenirs, nous avons mangé un délicieux riz noir à l’encre de seiche, une spécialité locale, et nous avons quitté Cadaqués heureux, sereins et… sous voile, le vent en plein dans le nez en tirant des bords, la classe !







