Vagabondages dans l’archipel des Maddalena

Punta del Mortale, Golfo di Marinella, Cugnagna Verde, Isola Mortorio, Cala Gavetta, Cala Finocchio, Rada di San Stefano… Prononcés à l’italienne tous ces noms figurants sur les cartes marines sont comme autant d’invitations au voyage qui fleurent bon l’été, le farniente et comme l’a si bien montré Fellini La Dolce Vita. Lus et relus, ces noms pourraient presque composer les paroles d’une chanson italienne, le tube de l’été, celui auquel on ne comprend rien mais qui à force d’être ressasser finit par devenir un incontournable que l’on connaît par coeur.

Au détour du cap Figari les voici donc tous ces noms, toutes ces destinations, à portée de proue d’Omer. Oui mais, lequel choisir ? Cugnagna Verde, cala Finocchio ?
Comme toujours lorsque l’on a le temps, c’est le vent qui décidera pour nous.
Le vent ce drôle de compagnon, imprévisible, libre de ces mouvements, cet insaisissable qui n’en fait qu’à sa tête, tantôt discipliné, échevelé, rebelle ou allier, avec lequel il faut jouer mais auquel il ne faut surtout pas résister.

Durant notre semaine de navigation le vent va nous emmener dans bien des endroits paradisiaques, et en dépit du monde, nous sommes quand même début août, nous trouverons quelques mouillages paisibles et d’autres où comme toujours, Omer fera figure de nain.

Sur l’île de Caprera, nous apprendrons que Garibalidi connut sa dernière demeure, à cala Gavetta, Adrien s’éclipsera discrètement pour revenir quelques temps après avec un magnifique service de table «marin» cadeau pour nos anniversaires respectifs, et dans la baie des Salines nous assisterons au spectacle réjouissant de gamins braillards et dissipés s’aspergeant d’eau à bord de leurs petits optimistes.

La veille de notre retour à Olbia, nous décidons d’aller mouiller dans une grande baie où sont ancrés des dizaines de gros bateaux à moteur. Après avoir cherché une place en slalomant autour de ces mastodontes, nous jetons l’ancre à côté d’un grand cabine cruiser. Un marin nous salue en français et nous explique qu’il est marocain. Nous échangeons quelques amabilités et préparons le dîner.
Nous assistons alors à un va-et-vient de Rivas (magnifiques bateaux à moteur, entièrement vernis) transportant depuis la plage jusqu’à un immense bateau des passagers en tenue de soirée, robes longues et bijoux pour les dames, pantalons et chemises impeccablement repassés pour les messieurs. Le spectacle de ces couples bronzés, décontractés qui s’élancent vers l’immense bateau illuminé sur fond de soleil couchant semble tout droit sorti du film E la Nave Va, autre référence à Fellini.
Mister Google nous apprendra que le paquebot illuminé est un bateau privé, l’un des cinq plus grands bateaux au monde.

Le lendemain matin, un bruit de toc toc contre la coque nous tire de notre sommeil. C’est le marin marocain qui nous fait remarquer avec une extrême gentillesse que notre bateau est entrain de cogner le cabin cruiser.
— C’est pas grave monsieur, il suffit que tu reprennes un peu d’ancre, ça va aller.
Un peu honteux je le remercie et me traite de tous les noms d’oiseaux dignes du capitaine Hadock.

Quelques heures plus tard nous sommes à Olbia où nous passons une dernière soirée avec Adrien.

Cette semaine aura filé aussi vite qu’un battement d’ailes ou comme dit la chanson « aussi vite que le clignement d’un cil de chat.»

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