Cette année nous avons décidé avec Laurence de faire le tour de la Sardaigne dans le sens inverse des aiguilles d’une montre. Commencer par monter vers le Nord puis aller vers l’Ouest, descendre la cote Ouest pour enfin remonter jusqu’à Arbatax et y laisser le bateau pour l’hiver.
Mais car il y a toujours un mais la venue de Laura puis celle d’Adrien et enfin de Poudie vont agréablement contrarier notre projet initial.
Comme tout le monde doit atterrir à Olbia à des dates différentes, nous décidons donc avec Laurence de rester sur la Costa Smeralda et de faire des repérages dans les différentes calas aux alentours d’Olbia.
Lorsque Laura arrive, nous décidons de l’emmener à la Tavolara où nous sommes allés quelques jours auparavant. Cette île majestueuse est vraiment impressionnante de hauteur et y mouiller, tout juste à ses pieds, est une expérience vraiment unique.
Le lendemain nous allons déjeuner au restaurant de Tonino le roi de l’île. Ce jour-là pourtant ce n’est pas lui qui est la vedette de l’île mais Buffon le célèbre gardien de but de l’équipe d’Italie venu déjeuner en famille à la table à côté de la nôtre.
Le pauvre gars n’a pas pu passer deux minutes sans être dérangé par un intrus venant lui réclamer un selfie.
En non adeptes du ballon rond, nous nous sommes abstenus de faire partie de la cohorte d’aficionados et nous sommes contentés de mater plus que de raison les réactions du célèbre Buffon qui a eu la gentillesse de ne jamais rembarrer l’un ou l’une de ses fans. Bouffon c’est la classe internationale !
Après cet intermède footballistique, nous décidons de remonter la côte jusqu’aux îles Maddalena.
Nous nous arrêtons à cala Sabina, puis à cala Liccia sans doute les deux plus belles et plus sauvages calas de cette partie de la côte.
Laura qui avait son petit programme physique en tête en a profité pour performer et faire des longueurs de crawl dans la smeralda pour le plus grand bonheur de Laurence qui adore l’accompagner.
Puis nous nous rendons au port de la Gavetta sur la Maddalena, l’île principale de l’archipel du même nom.
Nous sommes accueillis par un marinero qui est sûrement le digne fils de Speedy Gonzales tant il vibrionne dans tous les sens sur son petit zodiac, fonçant vers nous pour nous montrer notre place, sautant à quai pour nous passer une amarre, repartant à fond de train pour accueillir un autre bateau. Son dynamisme est d’autant plus appréciable qu’un fort mistral s’est levé, rendant les manœuvres de port délicates. Nos voisins, un couple d’allemands navigant sur un grand voilier de location aurait sûrement embouti deux ou trois bateaux dont le nôtre sans la célérité de notre Speedy Gonzales qui leur a évité le pire.
Le pauvre allemand pris de panique par les bourrasques de vent qui mettaient son bateau de travers n’a eu de cesse de donner des grands coups d’accélérateur en avant ou en arrière tout en faisant fonctionner à plein régime ses propulseurs d’étraves. Autant dire que son bateau tenait plus de la folie d’une boule de flipper chahutée par un salarié à qui on aurait refusé une augmentation qu’à l’élégance d’un Pen Buick barré par une main de fer dans un gant de velours comme celle d’un Tabarly. Et pour couronner le tout, le pauvre type a du essuyer les réprimandes de sa femme le morigénant comme s’il était le dernier des incapables
– Geh rechts ! (va à droite !), nicht links ! (pas à gauche !), rückwärts ! (En arrière !) schritt vorwärts (Pas en avant !), Unfrutchbar (imbécile), armer idiot (pauvre con), unfähig (incapable).
Pendant ce temps le marinero tentait vainement de lui expliquer qu’il fallait garder son calme, faire les manœuvres doucement.
– calma, tranquillamente, siamo in vacanza (nous sommes en vacances)…
Le pauvre gars a certainement vécu la pire situation linguistiquement schizophrénique de sa vie !
Bien entendu lorsqu’enfin ils furent amarrés, nous leur fîmes des grands sourires comme si de rien n’était. Le marinero nous jeta alors un coup d’œil en levant les yeux au ciel et en disant tout bas :
– mamamia…
Puis il sauta sur son zodiac et repartit dare-dare vers d’autres aventures.
Comme dit le proverbe : « Une manœuvre réussie est une succession de catastrophes évitées…»
Mamamia !
Nous avons passé deux magnifiques journées à la Gavetta attendant que le coup de mistral soit parti souffler vers d’autres horizons.
Avec ses façades colorées, ses ruelles qui serpentent dans le village, ses scooters qui pétaradent, ses petits restaurants familiaux et ses multiples gelateria artisanales, la Gavetta a tout d’un port qui fleure bon l’Italie. Sans oublier la bonne humeur de Laura qui n’a eu de cesse de vouloir sortir sa carte bleue pour nous inviter à tous bouts de champs.
Comme toutes bonnes choses n’ont pas forcément une fin, nous quittons la Gavetta direction Olbia où Adrien atterrit dans deux jours. Chouette !






