Omer Saison 5 (2022)

Forts de notre expérience de l’année passée où Laurence et moi sommes restés coincés sur notre bateau à attendre en plein cagnard qu’Omer soit prêt à être mis à l’eau, cette année nous avons réservé une chambre dans un resort calme luxe et volupté au cas où nous aurions à patienter quelques jours avant de prendre la mer.

En arrivant au chantier nous avons l’heureuse surprise de constater que les travaux demandés à Massimo, le patron du chantier, ont été faits. Un taux a été posé, l’antenne VHF qui était fixée dans le cockpit est désormais en haut du mât, une plage arrière pour la baignade a été installée, sans oublier les nouveaux plafonniers qui transforment la grotte qu’était l’intérieur d’Omer en palais des mille et une nuits. Il ne reste plus qu’à faire la révision du moteur prévu dans deux jours. Tout semble donc s’annoncer sous les meilleurs hospices.

Sandro le mécanicien qui nous avait fait poireauter une semaine l’an dernier est ponctuel, la révision est faite, Omer est prêt à être mis à l’eau mais car il y a toujours un mais au moment de mettre le moteur en marche pour un test, nous constatons que le réservoir de fuel fuit et que le fond du coffre arrière baigne dans le diesel. Sandro me dit alors qu’il n’a pas le temps de s’en occuper avant plusieurs jours et se tourne vers Massimo. Pauvre Massimo, il sait car il connaît bien le bateau qu’il va devoir se plier en quatre dans le coffre du cockpit où se trouve le réservoir, le vider de son fuel, le démonter, refaire un fraisage pour revisser la vanne, re-remplir le réservoir etc. A sa mine déconfite je comprends qu’il a déjà tout anticipé mais en homme de parole il me promet que tout sera réglé pour le lendemain et que nous n’aurons pas à repousser la mise à l’eau.

Nous retournons donc à notre resort calme luxe et volupté.

Ce resort est un domaine qui s’étend sur quarante hectares comprenant plusieurs hôtels dont toutes les chambres sont des petites habitations indépendantes, plusieurs plages privées, trois piscines, des restaurants, des espaces où l’on peu voir toutes sortes d’animaux, des chevaux, des moutons, des canards, des sangliers etc.

Il nous a séduit car il un un argument de vente imparable : il prétend être parfaitement écolo, éco responsable et tout le toutim. Sa brochure vante des moyens exceptionnels pour en faire un havre de verdure, de nature, de paix : panneaux solaires en nombre pour alimenter le réseau électrique, voitures électriques pour se déplacer, réserves d’eau souterraine pour irriguer toutes les plantes grasses et les fleurs qui abondent dans le resort et qui en font, il faut bien le reconnaître un endroit plein de charme.

Ce supplément d’âme écolo a toutefois ses limites. La télécommande de la climatisation disparaît dès que la chaleur dépasse 25 degrés, les draps ne sont pas changés quotidiennement, c’est plus écolo…l’accueil ne fournit pas de cartes du domaine car le resort est paperless, les voitures électriques sont rares, c’est tellement mieux pour la santé de marcher ! Sous prétexte d’écologie, le luxe aujourd’hui et ce genre d’endroit l’a bien compromis, c’est de faire payer la décroissance. Tu paies plus cher pour suer comme un bœuf dans ton lit, tu paies plus cher pour marcher sous un soleil de plomb, tu paies plus cher pour ne pas pouvoir te diriger dans un domaine immense rempli de bêtes sauvages et tu paies plus cher pour être l’animal qui ne figure pas dans la brochure, le pigeon ! Ben oui c’est toi, pauvre nouille…

Retour au chantier. Finalement Massimo a tenu parole une fois de plus et Omer regagne la mer dans les délais prévus. En principe à ce stade du récit tout aurait du bien se passer mais en nous rendant à notre place de ponton, je constate que de l’eau entre dans la cale moteur. Je la goute, aie ! C’est de l’eau salée !

A peine amarré, je prends la posture d’Iggy Pop en concert et plonge dans le compartiment moteur qui est si exiguë que même un lézard aurait du mal à s’y faufiler.

Je passe la tête par dessus le moteur pour atteindre le fond de la cale mais ne constate aucune fuite. Il va falloir que je pousse plus avant mes investigations.

A mon tour de me plier en quatre dans le coffre du cockpit pour avoir une vue dégagée sur l’arrière du compartiment moteur mais auparavant il va falloir retirer tout le bazar qui s’y trouve, pare-battages, bouts, palmes, masques et tubas et même la bouteille de gaz ! Nous mettons en route le moteur et je ne tarde pas à constater que la fuite provient du silencieux, une pièce qui nous avait déjà joué des tours au Portugal et qui pisse dru. Je ne savais pas que nous avions embarqué le Manneken-Pis à bord !

Nous retournons au chantier.

Pauvre Massimo, s’il avait pu devenir transparent à la seconde où il m’a vu foncer sur lui, je suis certain qu’il l’aurait fait. Je lui montre la vidéo que j’ai faite du Manneken-Pis et là je vois son visage s’allonger. Il m’explique dans son italien TGV qu’il va démonter le silencieux et voir ce que l’on peut faire. Le lendemain il m’annonce que la pièce est trop corrodée et qu’il faut la changer mais…il n’en n’a pas en stock, donc il faut la commander sur internet. Commander sur internet depuis la Covid et la guerre en Ukraine c’est pas bon, c’est d’ailleurs tellement pas bon que nous attendrons une semaine qu’elle arrive !

Par chance Arbatax est une charmante marina, la Sardaigne une île pleine de curiosités et ma bannette bien mieux ventilée que le plumard de notre resort luxe, calme et volupté.

Omer au Cantiere Valdes 2022
Le Menneken-Pis 2022
Dans le sud 2022
Laurence au resort 2022
Le resort

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