Après notre nuit fort agitée et un petit déjeuner roboratif, nous décidons d’aller à terre faire les courses et déjeuner au restaurant. Pendant qu’Adrien habille Noah, Laurence branche le tuyau d’eau et remplit notre baudruche. Puis nous partons au village.
Arrivé au paséo, Noah est à nouveau interpellé par les vendeurs et les vendeuses : Ciao Noah come va, ma que bello bambino.
Dans la petite épicerie où nous achetons notre ravitaillement, Noah explique à la vendeuse qu’il adore le poisson, les pommes de terre avec du beurre et du citron. La vendeuse qui comprend le français est tout attendrie par son petit discours et lui offre alors une énorme pomme de terre qui ne le quittera plus de tout le séjour.
Avant d’arriver à la marina je vais tirer de l’argent car je compte donner quarante euros aux employés pour les remercier de nous avoir aidés la nuit dernière. Lorsque nous étions venus avec Laura, le marinero ne m’avait rien demandé et m’avait même répondu : c’est notre plaisir.
En arrivant au ponton je sors mes quarante euros mais le marinero que je ne connais pas me demande quelle est la longueur de notre bateau.
Au fond de moi je me dis que ce n’est pas bon signe.
— Neuf mètres.
Je le vois alors saisir une machine à calculer, faire une multiplication et me tendre sa machine. Sur l’écran apparait le nombre 135.
Cent trente cinq euros pour passer une nuit cauchemardesque, amarrés à un ponton flottant pourri, sans électricité, c’est la première fois que l’on nous réclame une somme pareille. Quelle arnaque !
Je paie avec mauvaise grâce le marinero et rejoins Laurence Adrien et Noah sur le quai. Je leur raconte l’affaire des cent trente cinq euros et furieux, nous décidons de partir aussitôt. Mais car il y a toujours un mais, en montant à bord nous constatons que le tuyau d’eau que Laurence avait laissé dans le bateau a inondé tout le carré. Elle avait oublié de fermer le robinet du quai et sous la pression, le tuyau s’est déchiré provoquant un petit tsunami.
Nous avons déjà connu un certain nombre de mésaventures mais le coup du tuyau d’eau, jamais. Et pour une première, ce fut une vraie première, l’eau s’invitant partout, dans le coin cuisine, les étagères, les coffres remplis de bouffe et parvenant même à s’infiltrer sous les planchers. Par chance elle n’avait pas encore atteint le coffre où se trouvent nos batteries.
Nous avons bien écopé quatre cent litres d’eau.
Cette petite mésaventure aura au moins eu le mérite de me faire remarquer que notre pompe de cale manuelle ne fonctionnait plus et qu’au prix du litre d’eau douce acheminée par bateau à Ponza, cent trente cinq euros pour une nuit c’était une affaire !


