Mais où est passée Laurence ?

Cette nouvelle saison d’Omer s’ouvre sur une nouveauté : Laurence ne sera pas à Fiumicino pour larguer les amarres et rejoindre la Sicile.

En bon marin j’avais senti le vent venir. Oh pas une grosse bourrasque avec ses nuages lourds qui vous met cul par dessus tête en un tournemain, non plutôt un changement d’air, des petites bises imperceptibles qui se transforment en risées annonciatrices d’un évènement :

— Je trouve que le bateau gîte beaucoup…

— Les couchettes sont vraiment inconfortables…

— Ce cockpit est vraiment très étroit…

— Même avec le nouveau hublot on crève de chaud…

Et surtout la phrase qui veut bien dire ce qu’elle sous entend :

— J’ai vraiment envie de profiter de mes petits enfants…

Au fond de moi je la comprends Laurence. Cela fait sept ans que l’on passe des mois sur ce bateau de 9 mètres, petit, inconfortable, étroit, étouffant et pas du tout adapté à notre programme méditerranéen.

Nous serions partis sur un gros catamaran avec quatre cabines double, deux cabinets de toilettes avec douche et eau chaude, la clime, un vrai frigidaire avec distributeur de glaçons, un lit kingsize, un guindeau pour remonter l’ancre, un cuisinier, un maître d’hôtel, un coach sportif et un droniste pour filmer les souvenirs de vacances, les choses auraient sûrement été différentes.

Mais voilà, nous sommes partis sur Omer…

Ce que je redoute le plus dans cette affaire est d’avoir à lui annoncer que Laurence ne fait pas partie de l’aventure. Je l’entends déjà :

— Tu m’abandonnes chaque année pendant de longs mois et maintenant tu m’annonces que Laurence ne fait pas partie du voyage ! Mais qui va me caréner, me vernisser, me bichonner, apporter mon linge sale à laver, récurer la cuisine, parfumer les toilettes, garnir et ranger le frigo, aérer les coffres ? Sans présence féminine, tout va partir à vau-l’eau ! Et c’est pas avec une bande de mecs qui ont tous des surnoms à coucher dehors et qui puent des pieds qu’on va honorer notre pavillon national.

— C’est quoi déjà leurs sobriquets ?

Ah oui :

— Marcelkebir pour Hugues

— Libokapitain pour Sébastien (beau-frère d’Hugues et réciproquement…)

— Libomakak pour Nicolas (beau-frère de Sébastien)

— Tu parles d’une belle équipe de beaufs !

Mais car il y a toujours un mais ce qui devrait consoler ce pauvre Omer est que Laurence nous rejoint à Palerme pour faire le tour de la Sicile.

Quoiqu’elle en dise, elle l’aime bien son petit bateau !