Le Pays de Peter Pan

Nous avons passé trois nuits et deux jours à Crystal lagoon.

Jamais nous n’aurions imaginé faire un truc pareil.

Cystal Lagoon est comme son nom l’indique un lagon dont les eaux bleu turquoise sont aussi transparentes que du cristal. Ce lagon est relié par une anfractuosité dans la roche à une petite baie encerclée de falaises plongeant dans une eau vert émeraude. Le paradis !

Noah qui venait juste de se réveiller de sa sieste s’écria :

— On dirait le pays de Peter Pan !

Nous sommes éblouis par la beauté époustouflante de ce site mais horrifiés par le nombre de bateaux qui ont mouillé les uns à côté des autres.

Que faire ? Rester, partir ?

Finalement nous décidons de chercher une place pour passer quelques heures et avançons prudemment entre les bateaux.

Nous sommes prêts à rebrousser chemin lorsqu’un gros bateau chargé de touristes lève l’ancre et libère une confortable place que nous nous empressons d’occuper.

L’emplacement est idéal pour passer la nuit, ni trop près ni trop loin de la côte et surtout à distance respectable des autres bateaux. Mais car il y a toujours un mais cette situation idéale est de courte durée car à peine avons-nous jeté l’ancre que plusieurs bateaux de touristes viennent mouiller à côté de nous, à touche-touche. Je leur fais signe de s’éloigner mais les gars n’en ont cure et à peine arrivés déploient des toboggans, envoient la sono et débouchent des bouteilles de champagne.

En quelques minutes des centaines de touristes de toutes les couleurs et parlant plusieurs langues dévalent des toboggans en poussant de grands cris de joie, d’autres trinquent confortablement installés sur des frites aux tons fluos, tandis qu’un ou deux couples d’amoureux tentent d’échapper à cette liesse populaire en nageant vers de petites grottes creusées dans la falaise où ils espèrent trouver un havre de paix.

Nous sommes totalement abasourdis par ce spectacle vivant. Noah est fasciné par tous ces gens qui dévalent des toboggans, se poussent dans l’eau ou dansent à bord des bateaux.

Les rotations sont extrêmement rapides. Un bateau ne reste guère plus d’une heure avant qu’une cloche ou une sirène ne retentisse pour signaler le départ. Sitôt parti, un autre bateau arrive avec sa cargaison de touristes. Un balais incessant de petits bateaux de toutes les couleurs avec à leur bord des vendeurs de glaces, de café ou même d’alcool vont et viennent d’un bateau à l’autre, klaxonnant à tout bout de champ pour signaler leur présence.

En d’autres lieux cette surpopulation bruyante nous aurait paru insupportable et nous aurions sans doute vite décampés à la recherche d’un endroit plus calme mais ici à Malte où nous sommes des touristes comme les autres, tous ces gens qui font la fête ont une joie communicative qui nous a décidé à rester et à contempler le spectacle.

Est-ce la vue de tous ces gens plongeant dans l’eau ou l’envie lui aussi de faire le show ? Toujours est-il que Noah qui jusqu’à présent était un peu réticent à l’idée de sauter dans l’eau, tenta son premier saut du haut de la petite margelle en bois à l’arrière d’Omer. Une première réussie qui l’incita à en tenter une deuxième, puis une troisième, une quatrième etc.

A voir sa tête réjouie, le roi n’était pas son cousin, il raconta son exploit avec force détails à son pote Poussinou qui n’en perdit pas une. Il omit même de lui raconter que son père sauta comme un seul homme du haut de l’une des falaises à une bonne vingtaine de mètres au dessus de l’eau.

Tel père tel fils…

Le spectacle dura jusqu’à la tombée du soir et comme par magie, le dernier bateau parti, nous nous retrouvâmes seuls au milieu de notre petite baie, au paradis !