La saison 8 d’Omer a très mal commencé mais, une fois n’est pas coutume, nous nous en doutions.
Pour rappel, l’année dernière nous devions hiverner le bateau à Pozzallo.
Première déception en arrivant au port l’endroit est moche, les pontons délabrés, les toilettes introuvables et le marinero s’exprime dans un patois auquel nous ne comprenons rien.
Deuxième déception, Andrea le responsable du chantier est absent, parti à un enterrement et le grutier chargé de sortir Omer de l’eau s’est cassé la jambe et est parti à Rome se faire soigner. «Parolé, parolé, parolé…»
Andrea m’avait alors envoyé un message très laconique :
— Désolé, la sortie de l’eau pas avant la semaine prochaine.
Faute de pouvoir rester, nous devions prendre un avion le surlendemain, c’est la mort dans l’âme que nous avions confié les clés du bateau au marinero.
Deux semaines plus tard je recevais une courte vidéo d’Andrea montrant Omer quittant le ponton tracté par un bateau avec une courte légende :
— Nous sortons Omer de l’eau mais n’avons pas trouvé la marche avant…
Ce jour-là j’avais bien vu qu’il y avait beaucoup de vent et je n’osais imaginer Omer pendouillant au bout de la grue avec des rafales à quarante noeuds de vent.
Je demandais alors à Andrea de m’envoyer une photo du bateau bien calé sur ses bers.
Ok me répond t-il.
Je n’ai jamais reçu la photo.
Ok est d’ailleurs le seul mot qu’Andrea connaisse.
Pendant l’hiver nous avons eu plusieurs échanges :
Moi : — Andrea, tu peux faire les travaux avant notre arrivée ?
— Ok
— Tu peux faire l’antifouling et changer les anodes ?
— Ok
— Tu peux changer les vannes des toilettes qui fuient ?
— Ok
— Tu as le matériel ou tu préfères que je te l’envoie ?
— Ok
— Quoi Ok ?
— Ok tu m’envoies le matériel
— Tu me promets que tout sera fini pour notre arrivée le 18 mai ?
— Ok
Le 18 mai nous voici donc à Pozzallo. Par précaution Laurence a loué un Airbnb pendant quelques jours.
Le lendemain de notre arrivée nous fixons un rendez-vous à Andrea à midi.
Pendant tout l’hiver je me suis demandé à quoi ressemblait le fameux Andrea car sur son profil Wats’app il apparaît sous la forme d’un visage en noir et blanc dessiné à gros traits : chapeau noir, lunettes noires grosse moustache et bouc noirs, en deux mots le gros dur sicilien. Sous son profil une légende de tueur à gages : «Death is certain. Life is not.»
En repensant à tout cela je me demande comment j’ai été assez con pour faire confiance à un gars qui a appelé très poétiquement son chantier «Ocean plastic» et qui signe son profil «Death is certain, Life is not»…
Mais revenons à nos moutons (que nous sommes…)
Il est midi, nous sommes au port lorsque ding un nouveau message d’Andrea apparaît sur mon téléphone :
— Désolé je vais avoir du retard…
Ça commence bien…
A midi et demi nous voyons arriver en trombe une Audi noire. En sort un gars qui ne correspond pas vraiment au profil de gros dur de Whatt’s app mais un petit courtaud, noiraud et légèrement bedonnant. Il tient un téléphone portable dans chaque main et comble de l’ironie il a gravé sur son avant bras gauche sa désormais célèbre devise: Death is certain, Life is not…
A ce moment précis je me dis que s’il nous fait une nouvelle entourloupe sa devise va se vérifier dans les minutes qui suivent…
Mais car il y a toujours un mais, contre toute attente, il fait profil bas et nous promet de faire son possible pour que le bateau soit mis à l’eau rapidement. Et pour preuve de son honnêteté, il contacte un mécanicien qui vient faire les travaux dès le lendemain, m’autorise (ce qui est absolument interdit mais qui l’arrange bien car il n’a pas d’employés) à faire l’antifouling moi-même et propose une mise à l’eau quatre jours plus tard.
Et en effet une semaine après notre arrivée Omer est à l’eau.
Le hic c’est que la girouette et le réflecteur radar ont été arrachés, les feux de mât ne marchent pas, un taquet du mât a été cassé, les haubans sont totalement désserés et visiblement la baume a été démontée.
Réponse d’Andrea : c’est probablement un coup de vent !







Ça commence très très bien !!!
J’aimeAimé par 1 personne
Je réponds un peu tardivement à ton commentaire qui me met un peu la pression mais je sais que tu es une fidèle lectrice et vais m’appliquer pour la suite !
J’aimeJ’aime