La médina de Tétouan

Le lendemain de notre arrivée, nous décidons d’aller visiter la médina de Tétouan en compagnie de Jean-Claude et Brigitte. Nous sommes accompagnés d’un guide local, locace.

De loin la médina ressemble à un gigantesque lego réalisé par un enfant maladroit. Des centaines de maisons blanches enchevêtrées les unes dans les autres grimpent le long de la colline. En bas un mur d’enceinte fortifié, déroulé comme un long ruban, protégeait autrefois la ville des envahisseurs. Seules quelques discrètes ouvertures marquent l’entrée de la médina où l’on pénètre en courbant l’échine.  C’est bien la première fois que nous entrons dans une ville comme dans une cave !
Une fois à l’intérieur nous sommes immédiatement saisis par le calme et la fraîcheur du lieu. Les ruelles sont si étroites qu’aucune voiture ne peut y circuler. Seuls quelques pétaradements de mobylettes perturbent la petite musique humaine qui compose le fond sonore de la ville. Les rares rayons du soleil qui parviennent à se frayer un chemin jusqu’au sol trouent par endroits l‘épaisse pénombre de la ville et lèvent des volutes de poussières irisées de lumière.
A mesure que nous avançons, nous découvrons une ville hors d’âge. Ses innombrables ruelles, ses venelles et ses passages forment un labyrinthe où même le temps semble s’être perdu. Aucun bâtiment moderne ne vient perturber l’architecture des maisons, les habitants sont vêtus de manière traditionnelle et les artisans qui travaillent dans de petites boutiques mal éclairées répètent inlassablement des gestes ancestraux.

Ici chacun vaque à ses occupations sans se soucier des touristes, peu nombreux il est vrai, qui comme nous s’étonnent de ne pas être sans cesse interpellés par les vendeurs.
Nous pensions être des passants comme les autres mais notre guide, lui, a un plan de visite bien en tête et nous entraîne chez un vendeur de tapis, l’attrape-touristes par excellence.

À peine le temps de réaliser ce qui nous arrive que nous voilà assis dans une grande pièce aux murs couverts de tapis, un verre de thé à la menthe à la main.
Il faut avoir vécu ce genre de situations pour comprendre l’étendue de la signification de l’expression « vendeur de tapis ».
Celui que nous avons en face de nous doit être docteur honoris causa dans la meilleure école de vente de tapis marocaine. Tour à tour charmeur, sirupeux, enjôleur, il n’a de cesse de nous présenter des tapis qui sont : « tous des pièces uniques, pas chères, faites dans une coopérative reconnue par l’Etat, à la main, par des femmes bien payées. » A l’en croire, acheter un tapis à deux mille euros équivaut à faire une bonne œuvre, avec supplément d’âme !
Mais car il y a toujours un mais, n’ayant aucune intention d’acheter un tapis, nous résistons pied à pied à ce corps à corps commercial et quittons ce lieu de perdition fâchés avec le vendeur mais pas fauchés…

Entrée médina Tétouan

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