A peine avons-nous quitté le port de Saidia que nous nous retrouvons dans une mer très agitée avec à l’horizon une ligne de grains qui suit précisément notre trajectoire.
Nous savions que la météo ne serait pas idéale pour faire cette traversée de vingt quatre heures mais nous ne pensions pas que les choses se corseraient à ce point.
Nous naviguons avec un ris dans la grand voile et sous Solent mais malgré cela Omer gîte dangereusement. En une heure nous avons rattrapé la ligne de grains avec ses gros nuages noires et menaçants. A chaque fois que nous passons sous l’un d’entre eux, le vent forcit furieusement et la pluie nous trempe comme des soupes.
Pour la première fois des vagues tranchantes passent par dessus bord inondant le cockpit et nous par la même occasion.
Pour la première fois je commence à ressentir le troisième F : la frousse.
Pour la première fois je suis le seul à avoir peur car Laurence est en pleine conversation téléphonique avec Brigitte et ne semble pas réaliser la dangerosité de la situation.
Pour la première fois nous décidons de faire demi-tour.
Nous nous sentons bien seuls dans cette mer inhospitalière et le port nous semble encore bien loin lorsque soudain nous distinguons une forme sur notre bâbord, c’est Charisma dont la voile blanche disparaît régulièrement derrière les vagues et semble nous faire des signes comme un petit mouchoir que l’on agite. Ah que ça fait du bien de sentir une présence amie !
L’entrée du port, une passe étroite délimitée par deux digues en pierres est délicate à franchir. De grosses vagues nous poussent par l’arrière et dans mon for intérieur j’en appelle à ma bonne étoile pour que le bateau ne soit pas propulsé contre la digue face à nous.
Un petit coup de barre sur tribord et nous voilà trois quart arrière, l’allure idéale pour négocier la passe. Encore quelques secondes et soudain c’est l’accalmie, plus de vagues, plus de vent, nous retrouvons les eaux calmes du port.
Le troisième F qui ne nous avait pas lâché depuis notre départ s’évanouit comme par enchantement. Mais car il y a toujours un mais, sitôt débarrassés de celui-ci, nous voilà tiraillés par les trois autres F :
Le Froid
La Faim
Et surtout la Foif !


Quel suspense ! Bravo !!
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Merci Mico pour ton commentaire.
Avec Laurence nous sommes partis avec plein de bonnes intentions dans la liste desquelles le F comme Frousse ne devrait plus figurer !
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