Omer Saison 2

Après sept mois d’absence nous retrouvons avec plaisir notre p’tit jaune bien calé sur ses bers. Un bateau c’est un peu comme un cheval, ça marche, ça trotte, ça galope et ça saute !
En mer et notamment le long des côtes portugaises où la houle est grosse, je me suis souvent dit qu’Omer était un brave cheval de trait, infatigable marcheur escaladant les vagues de sa foulée tranquille et régulière. Une petite rafale et le voilà qui se transforme en cheval de course. Bien sûr pour étaler le gros temps c’est plutôt en sous-marin qu’il se transforme et nous en cavaliers désarçonnés !

Pour l’heure Omer se tient immobile et en bon cheval qui reconnaît son maître, je l’entends pousser quelques hennissements de joie… En échange de cet accueil chaleureux, je lui flatte les flancs, lui caresse le museau, le bichonne, l’ausculte sous toutes les coutures, arrache les quelques mollusques séchés qui lui collent à la peau, vérifie ses orifices (indispensable si l’on ne veut pas être transformé en sous marin) et entreprend de gravir l’échelle pour monter à bord.
A ce propos j’ai une pensée émue pour notre ami Jean-Claude qui est tombé de son échelle à Saidia au Maroc la veille de la mise à l’eau de son bateau. Avec sa femme Brigitte nous devions nous retrouver sur la route des baléares. Résultat : fracture des deux poignets, du bassin, d’une lombaire et deux mois d’immobilisation. Courage Jean-Claude on se retrouvera plus tard !

Une fois parvenu dans le bateau je constate que tout est dans l’état où nous l’avons laissé, « propre en ordre » comme disait un ami suisse. Mais car il y a toujours un mais, après m’être cogné la tête deux fois, l’épaule trois fois et manqué me casser la gueule en marchant le long des passavants, mon cheval adoré prend très vite les traits d’une vielle cargne !
J’avais oublié que ce First 30 porte très mal son nom et qu’il aurait du s’appeler le First-30. C’est simple il manque 30 centimètres partout !

Exemples :

1) Pour s’asseoir à la table à cartes, il faut se présenter de profil, cap au 30°, rentrer son ventre, basculer le bassin vers l’avant, bien baisser la tête et au moment de s’asseoir, se contorsionner comme si on vous enfilait une camisole de force. Et là si une vague scélérate ne vous a pas fait rater la manœuvre, vous êtes assis sans dossier avec la table qui vous rentre dans le bide mais vous êtes assis et non le cul par-dessus tête au fond de la cale.

2) Pour contourner la table du carré lorsqu’elle est dépliée et que l’on ne veut pas déranger l’autre pour aller aux toilettes par exemple, il faut se transformer en mètre de charpentier, vous savez ces fameux mètres en bois qui ont une articulation tous les dix centimètres : bien plier les genoux, basculer le tronc vers l’avant en maintenant sa tête droite, rentrer le ventre jusqu’à le faire ressortir vers l’arrière à en devenir bossu, prendre une longue inspiration et avancer de travers en crabe jusqu’aux toilettes.
Parvenu à la porte des toilettes qui fait cinquante centimètres de large, deux solutions se présentent : pour les personnes ayant une forte surcharge pondérale soit tenter de franchir la porte de profil mais c’est pas gagné soit attendre l’escale suivante mais en cas d’envie pressante… Pour les autres baisser la tête, lever les pieds car il y une petite cloison basse et scélérate à l’entrée et bien viser la cuvette car elle aussi est étroite…

3) Pour aller dans la cabine avant (la pointe avant) : se transformer en lézard, s’étaler de tout son long et surtout ne plus bouger sous peine de s’assommer au plafond qui est à quarante centimètres de votre tête. Et je ne parle pas de l’évier où seules les soucoupes à café tiennent en largeur ni du cockpit si petit que même à deux il est difficile de manœuvrer, ni du jeu de Tétris permanent qu’il faut effectuer pour chercher toute chose. Un simple « tu peux me sortir le beurre du coffre arrière ! » peut vite tourner au cauchemar car posés sur ledit coffre il y a une banquette, la table de cockpit, les gilets de sauvetage, une voile, le parasol, des coussins, bref tout un un bazar qu’il faut déplacer et donc replacer.

Dans ces cas-là il faut positiver et quoi de mieux que d’imaginer un châtelain désargenté (c’est le cas de la plupart des châtelains aujourd’hui) demander à son épouse « ma très chère auriez-vous la courtoisie d’aller chercher le beurre » et d’imaginer « la très chère  » emprunter trois corridors lugubres, traverser quatre salles d’armes sinistres, monter les marches glissantes d’un vieil escalier en pierres au risque de se fracturer le col du fémur, accélérer dans le hall glacial pour éviter la pneumonie, échapper au regard pénétrant de l’ancêtre encadré dans le vestibule, parvenir enfin à la cuisine, s’apercevoir qu’il n’y a plus de beurre dans le frigidaire et devoir faire le trajet en sens inverse afin que Monsieur puisse ne pas beurrer sa tartine ! Voire se faire engueuler !

Dans ces cas-là je me dis « Ah qu’on est bien sur Omer ! »

4 Replies to “Omer Saison 2”

  1. Dur dur la vie de bohème ! Dans quelques jours vous serez devenus contorsionnistes et vous n’y verrez plus que du feu !
    Mais parce qu’il y a toujours un mais, il faudra alors vous accoutumer à l’arrivée de 2 moussaillons, avec des valises pleines de robes et shorts en tous genres, prêts à lézarder sur le pont d’Omer toute la journée, et c’est à coups de grandes enjambées qu’il faudra les éviter !

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  2. bonjour les amis, je vais suivre ce nouveau voyage 2018 avec autant d’intérêt que celui de 2017. Donc, au plaisir de vous lire et bonne … route.
    Amitiés

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