Internet ou pas internet ?

Nous sommes le samedi 19 mai, il est 16h55, il fait beau et nous sommes mouillés devant une petite île de la Mar Menor à quelques kilomètres au nord de Cartagena.

Cela fait six mois que cette Mar Menor que j’ai découverte sur une carte marine me trotte dans la tête. D’abord parce que ce n’est pas une petite mer intérieure, c’est la plus grande piscine d’eau salée d’Europe ! Ensuite parce que pour y rentrer il faut emprunter un étroit chenal et passer sous un pont qui se lève dix minutes toutes les deux heures. Plutôt amusant comme mise en bouche !

Seulement voilà, parvenu à ce stade de mes recherches, deux voix, toujours les mêmes, viennent chuchoter à mon oreille :

La voix d’internet : « Clic mon enfant, clic pour voir pour de vrai comme je suis belle, clic encore pour voir à quoi ressemble mes beaux mouillages, clic booking.com pour réserver une chambre dans mon spa de luxe, toi qui ne peux même pas te retourner sur ta couchette tellement elle est étroite, clic sur TripAdvisor.com pour découvrir tous les bons petits restaurants, toi qui ne bouffes que du pâté Hennaf depuis ton départ, clic encore sur shoppingmarmenor.com pour faire plaisir à ta bien-aimée et lui acheter un beau bijou à quatre mille euros, clic mon enfant, clic clic. »

Et la voix de mon ancêtre australopithèque : « Ne clic pas pauvre fou, tu vas tout gâcher, tu n’auras plus aucune surprise, hé quoi tu t’es lancé dans cette aventure pour tout connaître à l’avance ? pour ne courir aucun risque ? pour que des enseignes publicitaires t’apprennent la vie ? Imagine deux secondes que le monstre du Loch Ness passe ses vacances à Mar Menor, tu vois ta tête en découvrant ça sur internet au lieu de le découvrir in situ ? »

Une fois sur la balance, les arguments de l’australopithèque pèsent généralement plus lourds que ceux de son « descendant virtuel » mais car il y a toujours un mais la tentation du clic est elle aussi très forte…
Et cette fois je m’y suis laissé prendre…

Que raconte internet ? Que les plages sont bordées d’immeubles de dix étages, que la mer est couverte de méduses lorsqu’elle n’est pas polluée par le nitrate, que cette mer est le paradis des scooters des mers, que l’équilibre écologique est rompu à jamais.
Que raconte ce que je vois : Que le passage pour entrer dans la mer est en effet bordé d’affreux immeubles tout comme certaines plages mais qu’à certains endroits le littoral est encore vierge, que la marina à l’entrée est plus accueillante que sur les photos, que l’eau est claire et sans méduse, que nous avons vu passer un jet-ski et des dizaines de voiliers entrain de régater, que la petite île devant laquelle nous sommes mouillés est charmante et sauvage.

En conclusion je dirai que mon ancêtre s’est un peu mis le doigt dans l’os ( le pauvre c’est tout ce qui lui reste) en ce qui concerne le Loch Ness, il est vrai qu’à son époque on n’était pas à un monstre près et qu’en ce qui concerne les infos glanées su internet, j’ai repéré une petite adresse sur Trip Advisor…

Le pont de la Mar Menor

 

One Reply to “”

Laisser un commentaire