A Corfou y’en a pour tous les goûts !

A Corfou nous pensions nous amarrer dans une des deux marinas proches du centre ville.

Mais car il y a toujours un mais, nous avons beau appeler le bureau du port, personne ne nous répond. Nous décidons donc de mettre le cap sur la marina Gouvia, plus au nord de la ville.

A notre grande surprise marina Gouvia est une très grande marina où sont amarrées des centaines de bateaux. A l’entrée du port, un marinero parlant français nous conduit à notre place qui est aussi étroite qu’un trou de souris. Sur le ponton une française qui assiste à la manœuvre engueule le marinero et nous prend à parti :

— Sous prétexte qu’on a des petits bateaux, ils nous casent toujours dans des places hyper étroites et en plus on paie 70€ la nuit. C’est quand même un monde ça…

Nous apprendrons très vite que la dame en question s’appelle Béatrice et qu’elle et son mari viennent en Grèce depuis plus de vingt ans. Béatrice a plein de choses à raconter sur la Grèce et s’avérera être une mine de renseignements fort utiles pour nos futures pérégrinations.

Au bureau du port nous ne sommes pas accueillis par le grognement du vieux Deck de Marzamemi mais par une rangée de fonctionnaires tirés à quatre épingles et vissés devant leurs écrans d’ordinateurs.

Le Deck grec qui nous reçoit est un fonctionnaire renfrogné qui doit beaucoup grogner intérieurement et qui exerce son métier avec une froideur déconcertante.

L’enregistrement du bateau, il n’y a guère que quatre lignes à remplir, prend le temps de lire l’Odyssée d’Homère, à moins qu’Homère ne soit le Deck grec en question tant il tape frénétiquement sur sa machine. Pourtant notre Omer ne prend que quatre lettres, c’est pas long à écrire !

Heureusement sa voisine est beaucoup plus avenante et répond avec le sourire à toutes nos questions relatives à l’emplacement des douches, les horaires de bus, les adresse de restos, les numéros de taxi etc. Pendant ce temps le Deck grec continue à écrire, il est entrain d’aborder le chapitre où Ulysse tombe sous le charme de la belle Circé… Ça risque d’être long…

Après une douche bien méritée et nécessaire, trois jours de navigation sans se laver…, nous voici dans un taxi en direction de la ville de Corfou. Le taxi, un sympathique bonhomme qui parle anglais nous dépose sur une place et nous montre une artère menant à la vieille ville.

— Go, go…

Il ne pense sans doute pas à mal en nous disant cela mais Gogo est exactement le terme qui nous convient dans cette rue bondée de touristes et bordée de centaines de boutiques et de restaurants où nous nous faisons gentiment alpaguer.

Nous pensions nous perdre dans un entrelacs de ruelles obscures, traverser des petites places ombragées, découvrir de vieilles églises orthodoxes aux parfums d’encens et au lieu de cela nous voilà au milieu des sandales multicolores, des maillots de bain string, des ensembles en lin très chics et très chers, des plateaux en bois d’olivier, des casquettes signées Corfou en grosses lettres d’or sans oublier les incontournables lunettes Dolce Gabana, les miroirs avec l’œil de Fatima qui vous regarde et comble du bon goût, des porte-clés représentant le sexe en érection du colosse de Rhodes !

Heureusement il suffit de lever les yeux pour découvrir de belles façades colorées ou de faire un pas de côté pour échapper à cette cohue et se retrouver dans une ville qui ressemble plus à celle que nous avions imaginée.

A l’heure du déjeuner Benoit nous invite dans un restaurant où la cuisine est délicieuse et le service impeccable. Il fait tellement chaud que nous prolongeons outrageusement le repas en sirotant un rouge bien frais à l’ombre des parasols.

En rentrant à la marina je consulte un modèle météo indiquant qu’il fait 37 degrés, ressenti 39.

Par curiosité je vais voir quelle température il fait à Morgat : 18 degrés, ressenti 16.

N’en déplaisent aux bretons, la Bretagne c’est vraiment le pays des grenouilles ! Et parfois on l’envie…Croaa, croaa…