Coup de mou…stique

Cela fait maintenant un mois et demi que nous avons entamé nos pérégrinations et l’inconfort de notre célèbre First 30 que nous avons renommé il y a bien longtemps le First moins 30 se fait cruellement sentir.

Nous avons beau connaître le bateau par coeur, nous continuons à nous cogner, qui à la baume, qui à la barre, qui aux winches, aux taquets, au balcon, à l’étai, aux rails d’écoute, aux cadènes de haubans, quand ce n’est pas à ce foutu fermoir métallique du coffre de cockpit qui dépasse sournoisement au niveau des mollets.

Le résultat est que nous commençons à ressembler à deux dalmatiens, le corps perclus de bleus. Et comme dirait le célèbre Almanach du marin breton : « Quand le marin commence à aboyer il est grand temps de l’expédier chez Disney ou mieux au bistrot pour qu’il retrouve figure humaine.»

Tout cela ne serait rien et nous aurions presque belle allure canine si les moustiques ne s’invitaient nuitamment à bord et participaient à la métamorphose kafkaïenne de nos pauvres corps.

A ce sujet nous avons tout essayé : les jolies bougies bio parfumées à la citronnelle, totalement inefficaces, les tortillons verts qui puent et risquent de foutre le feu au bateau, nuls !, les tablettes que l’on incorpore dans un zigouigoui qui se branche sur une prise 220 mais qui ne marchent plus en mouillage où tout fonctionne en 12V, inutiles !, les sticks pour le corps, tentants avec leur fun concept ”roll on the body”, insuffisants ! et enfin les pschitt qui donnent le sentiment de se transformer en tortillons déodorants de toilettes d’autoroutes, idem.

Que faire ?

Ultime recours, nous nous sommes rendus chez un bric à bric à brac chinois, de ceux qui vendent tout à des prix imbattables.

A l’accueil qui est aussi la caisse chez les chinois, nous avisons une jeune chinoise penchée sur son écran d’ordi.

Nous :

–– Hello, do you have any mosquito spray ?

La Chinoise tend un bras nonchalant :

–– Here

Here c’est exactement ce qu’il nous faut. Une étagère remplie de mosquito spray. Et là, au milieu de toutes les chinoiseries nous avisons une bombe aérosol géante avec au recto des têtes de mort incrustées sur des moustiques complètement raplapla et au verso des grosses croix rouges incrustées elles-aussi sur de gros moustiques raides morts. Pas besoin de parler chinois pour comprendre que c’est l’arme fatale qu’il nous fallait.

De retour au bateau nous avons pschitté sans aucune retenue mais avec une délectation certaine dans tous les recoins du bateau. Des hordes de moustiques qui coinçaient la bulle tranquillement ont été réveillées et sont sorties dare-dare avec les grosses têtes de morts et les grosses croix rouges à leur trousse. On en aurait presque aboyé de joie !

Sans grande surprise nous avons passé une nuit sans moustique mais passablement nauséeuse…

Mais car il y a toujours un mais, la bouteille n’est heureusement jamais à moitié vide et les criques et petits ports des îles ioniennes sont de véritables petits paradis et les Grecs d’une gentillesse renversante.

Et dans quelques jours nous aurons un nouvel os à ronger, nous aurons la joie d’accueillir nos 101 petits dalmatiens ! Ouaf ouaf !